Il y a des mardis après-midi imprévisibles où, en deux temps, trois mouvements, une dégustation de plusieurs millésimes de Pichon Comtesse est organisée.
Près de ma petite « résidence » de vacances (ça sonne mieux que caravane) au bord du lac de Constance, il y a deux amateurs de vin. Appelons-les simplement Max et Moritz !
Bip-bip, un message WhatsApp vient d’arriver. La photo d’une bouteille de Pichon Comtesse 2015 attire mon attention. « Tu peux passer pour le goûter », m’écrit Moritz. « Max nous rejoindra plus tard », ajoute-t-il.
J’ai donc renoncé à ma sieste et aux nombreuses longueurs de bassin que je comptais faire. Il faut savoir prioriser.
Mais avant de céder aux tentations annoncées par Pichon Comtesse, nous avons tenu à stimuler nos papilles et à préparer nos sens gustatifs aux délices à venir. Telles des ouvreurs de piste lors d’une course de ski, deux Riesling de Julian Ludes à Thörnich (Mosel), ont préparé les palais et les ont mis en appétit !
Le Thörnicher Ritsch Kabinett « Monster » a d’abord fait ressortir des notes de sauge, de thym, de citronnelle et d’abricot. Celles-ci ont apporté complexité et finesse. Ce vin, légèrement moelleux en attaque, était subtil, vif et incisif. Doté d’une énergie insoupçonnée, il a glissé en douceur le long du palais en s’appuyant sur son acidité structurante et une touche tannique qui lui ont conféré puissance et longueur. Un vin abouti, élancé, délicat et persistant. La discrétion, la subtilité et la légèreté peuvent aussi marquer des points ! 2027-2044 95/100
Le Thörnicher Ritsch Kabinett « Terrassen » a également mis l’ambiance. Subtilité et diversité caractérisaient ce bouquet aux multiples facettes. Des notes de vermouth, de pamplemousse et de citronnelle apportaient de la fraîcheur. Doux et légèrement salé, ce vin se distinguait par son caractère précis, incisif et élancé. Porté par une acidité croquante, il rappelait à quel point les vins légers et définis peuvent briller par leur finesse. C’était un Kabinett vivifiant, tonique et désaltérant. Maintenant – 2044 94/100
Les visages joyeux et souriants ne laissaient aucun doute : on était prêts à accueillir Pichon Comtesse !

Pichon Comtesse 2015-2009-2010
Le délicieux Pichon Comtesse 2009 a surpris par ses caractéristiques pas nécessairement typiques d’un Pauillac. Ainsi, il révélait des notes de griottes et de prunes dans un évident contexte de maturité. En bouche, le vin alliait puissance et ampleur. Les tanins étaient certes fermes, mais soutenus, et privilégiaient la longueur de la finale. D’un côté, le vin présentait un certain potentiel de garde, mais de l’autre, il me semblait être prêt à être bu. Il était indéniablement excellent, mais je pense qu’à moyen terme, il ne pourra pas maintenir l’équilibre entre l’alcool, les tanins et la structure acide. Profitez-en donc tant qu’il est au meilleur de sa forme ! Maintenant – 2033 95/100
Pendant que nous dégustions les 2009 et 2015, le Pichon Comtesse 2010 a passé au moins une heure et demie en carafe. L’authenticité du bouquet était sans équivoque, mettant en valeur des notes de graphite, de boîte à cigares et de baies noires, complétées par une touche de menthe et de poivron rôti. Imposant en bouche, le vin brillait par sa puissance, son harmonie et sa jeunesse ! Tant d’énergie, de fraîcheur et de plaisir ! Deux heures en carafe sont recommandées. Maintenant – 2060 99/100
Le Pichon Comtesse 2015 a séduit tant par son intensité que par sa complexité et son harmonie. Il était ample et rond, porté par des tanins doux et veloutés lui conférant néanmoins de la puissance, le tout dans un contexte riche et crémeux. La structure agissait en arrière-plan et fournissait l’énergie nécessaire à une harmonie exceptionnelle. Un vin charmant, fascinant et parfaitement équilibré. Et il le restera encore longtemps ! Maintenant – 2055 99/100
Juste un mardi, quoi !
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