Liber Pater : oubliez tout ce que vous savez sur le vin, puis découvrez-le

Liber Pater et Loïc Pasquet ! Initiales identiques. Et si déjà nous sommes dans les initiales, parlons de réinitialisation. Lorsque vous êtes face aux vins de ce vigneron, ne manquez pas de vous en imprégner, de vous en imbiber et, surtout, faites abstraction de vos références. Vivez avec eux !

J’ai rencontré Loïc Pasquet presque comme il se doit, soit par le biais de Facebook ! Vous le savez certainement tous, cela ne suffit aucunement. C’est un élément qui ne change pas, pour connaître quelqu’un, il faut le rencontrer pour de vrai, le voir et le comprendre. Durant les primeurs du millésime 2016 à Bordeaux, j’ai ainsi fait la connaissance de ce vigneron passionné, amoureux de sa famille, de ses vignes et de ses vins. Je me suis retrouvé à une table où plusieurs vins de Liber Pater étaient en dégustation. Je n’avais pas du tout prévu de le rencontrer ce jour-là. J’étais dans une logique de dégustation «primeur » et lorsqu’un Beckustator est programmé pour déguster des primeurs, il est difficile de le sortir de son chemin (parce que, figurez-vous, il peut parfois être têtu).

J’étais également quelque peu dépassé par les événements. Un des vins les plus prestigieux et les plus chers de Bordeaux, à portée de verre ! Loïc a rapidement réalisé que je ne voulais pas goûter ses vins et, dans ce contexte particulier, ça l’a bien évidemment amusé, mais ça lui a certainement plu aussi, car il a bien compris mon approche. Pour découvrir tes vins, j’ai besoin d’une journée et j’ai besoin de mettre les pieds dans tes vignes. Aussitôt dit, aussitôt fait : nous fixons un rendez-vous. La date convenue est le 1er mai 2017, pour goûter un vin à €4 300,00… fallait quand même le faire !

Le jour du rendez-vous j’arrive pile à l’heure que nous avions fixée. Néanmoins, je me retrouve face à une vigne. Merci « Googlemaps » ! Pas de bâtisse à l’horizon et pas de vigneron. Pas loin de cette vigne, se situe un hameau. J’y rencontre une vieille et sympathique dame et je lui dis : « je cherche le vigneron de Liber Pater ». Elle me répond « je l’ai vu passer tout à l’heure avec sa mule ». Pas de doute, me dis-je, c’est lui ! Il ne doit pas y avoir beaucoup de vignerons qui se promènent avec des mules par ici ! Il me reste donc juste à le trouver. Manque de chance, je n’ai pas son numéro de téléphone et le réseau de données est faible. Finalement, j’accède au site internet de Liber Pater , après avoir roulé quelques kilomètres pour trouver un réseau suffisamment performant, et je trouve le numéro de téléphone. C’est bien de préparer ses visites longtemps à l’avance !

Comme il se doit, nous nous retrouvons donc sur un champ de vigne ! Les terres sont humides, il avait plu le jour précédent et le matin même. Je suis équipé de baskets ; tout va bien. Le vigneron me raconte ses vignes, ses terres et son ambition : retrouvez le goût des vins, avant le phylloxéra. Les vignes sont travaillées avec des densités extrêmement élevées de 20 000 pieds à l’hectare. Les sols sont dotés d’une couche sablo-graveleuse couvrant des graves.  Après avoir parcouru les vignes et une fois mes souliers bien imbibés d’eau, il était temps d’imbiber mon palais de Liber Pater ! J’ai été aimablement et simplement accueilli par le vigneron et son épouse à leur domicile où nous avons partagé un repas… et du vin. Merci pour ce moment précieux de partages, d’échanges et de découvertes.

 

 

 

Notes de dégustation

Liber Pater 2007
Rouge grenat aux légers reflets violets. Avant d’être décanté, le nez révèle des notes épicées, fumées et florales avec des effluves de violettes et de feuilles de menthe. Après décantation, le bouquet évolue et je relève des parfums de fèves de cacao, de chèvrefeuille, de réglisse ainsi qu’une touche de curry. Des fruits tels que cassis et cerises se révèlent également. L’attaque est friande, compacte et juteuse. Le corps crée une belle symbiose entre l’élégance et la race de ce vin. Il est doté d’un très beau support tannique et d’une agréable intensité fruitée. Ce Liber Pater est imprégné de son terroir ainsi que d’un caractère authentique et désaltérant. Un grand vin. Maintenant – 2030  93/100

Liber Pater 2009
Rouge grenat aux reflets violets. Bouquet complexe, marqué par des notes épicées et fruitées. Après aération, le nez gagne en finesse et en précision. Certes, on relève le côté solaire du millésime, mais la fraîcheur est également au rendez-vous. Notes florales et mentholées, touche de lard fumé. Je relève également des effluves d’Earl Grey. En bouche, l’attaque est friande, rafraîchissante, intense. Le vin a du caractère, du gras et des tannins aux grains très élégants. La finale est intense et persistante et laisse présager une excellente aptitude au vieillissement. Maintenant – 2034  94/100

Liber Pater 2015
Cabernet Sauvignon, Petit Verdot, Tarnay Coulant, Castet, Saint-Macaire, Prunelard
Rouge grenat aux reflets pourpres. Notes de violettes, caractère floral, effluves de pruneaux et de chocolat noir. L’attaque est florale également. !l se passe une multitude de choses en bouche, avec des ressentis de minéralité et de salinité. Les tannins se révèlent lentement en fin de bouche et sont imposants. Toucher de bouche élégant, fin. Beaucoup de finesse et de tension. Il faut faire un « reset », approcher le vin et l’écouter. Caractère juteux, équilibré, floral. Longue finale. Après une bonne heure de carafe, l’ensemble gagne en complexité. Bonne intensité aromatique en bouche avec des notes de baies rouges. Il y a du vin, de la finesse et des tannins en pleine forme, qui offrent un bel avenir à ce vin. Son élevage n’est d’ailleurs pas encore terminé; Loïc Pasquet explique que le franc de pied permet un élevage beaucoup plus long. Dans ce cas, il s’agit d’un élevage 100% bois neuf. Il affiche 12% d’alcool. Respect pour ce magnifique produit. 2022-2040  95/100